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La nuque 29 septembre, 2010

Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration) , 2 commentaires

Il y a cette boîte de jazz enfumée, cave humide où l’on va les yeux fermés.

Au mur de vieilles affiches qui se décollent, on se frôle des épaules, l’oeil qui pique j’écrase ma clope dans un cendrier bondé.

Il y Ray Charles en fond feutré, le vinyl qui parle en crachotant un flow qui se suffit à lui-même et les lampes tamisées qui donnent des airs un peu blêmes.

Il y a cette nuque, et l’instant d’après son regard qui cogne dans la poitrine, braises ardentes dans le glacier de ses prunelles. Et puis il y a ce son, ce son qui résonne. Elle jette un rapide coup d’oeil à la salle et les graves redoublent, faisant claquer les verres de bourbon. Cette nuque. Qui fait tout vibrer sur son passage avec la nonchalance de ceux qui contiennent leur rage. Cette nuque. Que l’on distingue sous les boucles à l’anglaise, fière.

Une main l’attire à elle. Je hais cette main. Une main qui caresse cette nuque avec une certaine certitude, celui d’une nuque qui se laissera aller dans la tendresse. Je hais cette main qui s’attarde sur l’arête de l’épaule, légère pression du désir et la clavicule qui répond, enlaçant la main dans un soupir. La nuque et la main, si belles dans la boîte enfumée.

Je m’en vais.

Short message 25 septembre, 2010

Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration) , 1 commentaire

A quoi pense-t’on quand on vient d’envoyer un sms ?

Et bien, on commence fébrilement par vérifier si on l’a bien envoyé à la bonne personne et là, merci les accusés de réception. Et puis on observe les escalopes de dinde à la normande en train de griller dans la poêle, en se disant que c’est vraiment un concept marketing stupide, puisqu’on n’a jamais été en Normandie manger des escalopes de dindes normandes.

Ca frit, ça fait pshit-pshit dans la poêle, on les retourne toutes les trente secondes et on vérifie une dernière fois qu’on ne s’est pas trompé de destinataire.

Et puis on regarde ses sms et on se dit que, quand même, c’est étonnant tous ces points de suspension dans les micro-messages. Un peu comme des phrases accrochées à des pinces à linge qui volèteraient dans la brise automnale. Accrochées mais suspendues. Au fil à linge du téléphone.

Alors, on se demande, pourquoi on ne met jamais de « point-de-suspension », même pas point souvent. Histoire de ne pas trop ponctuer ces micro-histoires filaires, histoire de rester dans « les-clous-de-l’interprétation ». Parce-que, finalement, ces points de suspension là, ils ont un peu leur propre histoire, plus que des points, plus vivants que des virgules, moins dramatiques que des points d’interrogations, ils laissent le lecteur en lévitation.

On retourne une dernière fois les escalopes de dinde à la normande, deux coups de moulin à poivre et on se dit que, pour une fois on laissera les points de suspension faire leur bonhomme de chemin.

Un jour peut-être… 19 septembre, 2010

Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration) , 5 commentaires

Un jour, peut-être, les hirondelles voleront en hiver et je t’embrasserai.

Un jour, peut-être, les nains de jardins siffleront à tue-tête et je te frôlerai.

Un jour, peut-être, tes belles et grandes mains souffleront ce vent étrange sur mon dos et je me retournerai.

Un jour, peut-être, qui sait où cela nous mènera, je pourrais me laisser tenter et te raconter que je rêve.

Et si les « un jour, peut-être», mis bout à bout en superposition infinie de si forme une réalité tangible il faudra bien que je te dise comme je me surprend à attendre ces nouvelles improbables que tu me donnes.

Et pourtant, je sais bien que dans les « un jour, peut-être », les peut-être se transforment en heures intangibles où le silence est d’or.

Et la roue tourne, toujours plus fort, grand huit ou saut à l’élastique, ce n’est pas moi qui choisirai.

Un jour peut-être, les hirondelles voleront suffisamment bas pour qu’elles t’ouvrent la voie…

Ma vie au rayon yaourts 11 septembre, 2010

Posté par fdesbordes dans : Chronique de ma vie bordelaise , 6 commentaires


On sous-estime complètement la puissance d’un rayon particulièrement bien achalandé comme celui des yahourts.

Alors que je faisais mes courses au Leclerc du coin, passant en revue minutieusement l’étalage de Bifidus actifs, de crèmes brûlées de chez Mémé et autres profiteroles, je pris soudain conscience que ma vie sentimentale se résumait, pour ainsi dire, à une de mes longues réflexions au rayon lactose. Une marche apnéique entre les yaourts aux fruits avec ou sans morceaux et ceux plus onctueux, goût nature ou bulgare selon.

Et je déambulais, hésitant entre ceux à 0% et ceux avec de la mousse, et juste après il y avait ceux à la crème : brûlée, pas brûlée, chocolat, morceaux, sans morceaux, grand marnier, caramel, arôme de synthèse et E 512 en option.

Au bout d’une demi-heure d’allers et retours indécis, sans surprise, j’ai sorti ma « eighty ball », lui demandant si je devais prendre de la faisselle. Elle m’a répondu : not yet. Bon, ben pas de faisselle aujourd’hui. On reviendra la semaine prochaine alors.

 

Parfois, les yaourts ont l’air très alléchants. Emballages sympas, pas de blabla mais quand on regarde la composition, tout de suite les choses se compliquent : arôme artificiel, sucre de synthèse, conservateurs en tout genre, j’en passe et des meilleurs.

Parfois les yaourts soufflent « manges-moi »… Mais n’étant pas vraiment sûre d’avoir bien entendu, je reste dubitative quand au message qui m’est adressée.

Parfois l’emballage dit aussi « ouverture facile », mais les concepteurs n’ont pas envisagés que des gens comme moi ne trouve pas cela forcément é-vi-dent. Ouverture facile, ouverture facile… Combien de yaourts m’ont pété entre les doigts, tout ça parce-que l’opercule était coincé ?

Voilà. Ma vie sentimentale est comme une longue procession au rayon très frais de chez Leclerc, j’y vais, je regarde ce yaourt très chouette qui me plaît beaucoup et… Je prend du fromage.

 

Barcelone à ma porte 6 septembre, 2010

Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration) , 1 commentaire

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Barcelone à ma porte, poussière de ville et rêve d’étoiles. Etoile filante sur mon parapet et c’est le vent qui l’emporte. Néons et réverbères pour seuls témoins égarés, Barcelone comme une esquisse, fugace et joli portrait, voilà ce que je retiendrai.

Ou bien l’empreinte de l’aube entre les volets et ces quelques mots échangés. Oui, voilà ce que je retiendrai.

Barcelone à ma porte et je la laisse entrer.

A mi me gusta. Barcelone à ma porte et elle s’est refermée…

Another day 2 septembre, 2010

Posté par fdesbordes dans : Non classé , ajouter un commentaire

hpim1898.jpg

Distingo distingué, un brin dingo, entre le silence et l’absence, doux dingue un peu distrait, Distingo comble les blancs.

Blancs comme neige, ces non-dits n’en ont que l’apparence. Dans la part des anges Distingo fait la part des choses, machant tranquillement son magret cuit à point. C’est à peine si à brûle pourpoint, Distingo pose des questions qui n’en ont pas l’air, déchiffrant ce code insensé et pourtant si féminin qu’est le double langage…

Et si l’on pouvait attraper ce à quoi pensent les femmes quand leur regard se dérobent pendant cette gorgée de vin… Cernant l’évasif comme les cow-boys avec leur troupeau, Distingo prend sur le vif ces troubles inavouables, ces demi-ton à peine marqués, ces genoux qui tremblent et ces mains posées.

Comme une valse à quatre temps, un, deux, trois et quatre il comble le blanc…

Distinguer; et lire entre ces lignes, délicatement déposées pour mieux les contourner…

 

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